jeudi 26 novembre 2015

Grandes rencontres


Le glacier Perito Moreno


Bonjour,

J’aurais aimé dire bonsoir, mais impossible hier soir. 

Mercredi 25, à El Calafate, grandes rencontres environnementale et interpersonnelle.

Après l'impressionnant massif montagneux d'El Chalten, on ne pensait pas pouvoir rencontrer de sitôt de tels paysages. C'était sans compter le glacier Perito Moreno, dans le parc national du même nom à 70km d'El Calafate.

Environnement naturel tout aussi impressionnant, mais, cette fois, par une masse immense de glace descendant par plusieurs coulées de sommets enneigés dans un des plus grands lacs d'Argentine, justement nommé le lac d'Argentine. Des blocs plus ou moins gros du glacier se détachent de temps en temps et tombent dans l'eau libre à l'improviste avec un grondement sourd. Tout le monde guette ces mouvements qui animent ces formes glacées, espérant les détecter à l’avance pour mieux les voir et si possible filmer ou saisir en photos cette finale grandiose.



Donc, rencontre environnementale exceptionnelle où cohabitent événement et éternité, ou, du moins, très longues durées, renvoyant aux mystères de l’ère glaciaire. L'assistance oscille entre attitude silencieuse et méditative, plus ou moins sidérée; et fébrilité médiatique pour s'approprier un peu d'immortalité en se faisant prendre en photo sur un tel fond.

Bien sûr, nous n'y avons pas échappé et avons fait les deux. Même si, au début, au moins pour moi, une obscure crainte d'appropriation intempestive et profanatoire flottait, comme à Auschwitz.

Comment ne pas réduire à une simple distraction touristique récréative cette rencontre d'une création environnementale à l'œuvre, par l'interaction transformatrice de ces forces énergétiques élémentaires? Comment vivre à la hauteur de cette dynamique créative, de ce « ça crée » ?

C'est alors que me sont remontés quelques vers d'un poème sur les 4 éléments, intitulé Je t'offrirai la terre. L'auteur, Pierre Dumilan, est peu connu. Je l'ai découvert en Mayenne chez un de mes vieux amis, rural, amoureux de la nature, Alfred Petron. Depuis, il m'accompagne presque constamment. Il a resurgi ici, comme à la Lagune de la Zeta (ndlr : au-dessus d’Esquel) illuminée par le soleil levant au réveil de notre première nuit dans la Chanchita samedi dernier. Voici quelques vers les plus proches de ces rencontres :

Je t'offrirai la terre, comme ca, follement
Sans raison apparente, tout simplement pour toi,
......
Je t'offrirai l'eau d'où l'on tire la vie
....
Je t'offrirai la neige, tant mon amour est grand.

Accepter ces offres pour en vivre, les cueillir et les accueillir, n'est pas évident. Ça ne va pas de soi. Ce n'est pas automatique. Ni fait une fois pour toutes. C'est un long apprentissage de vie, offrant de temps en temps des lieux qui peuvent devenir de hauts lieux de création de soi, de prise de sens, de mise en forme. C'est l'objectif de ce voyage de s'initier à ces rencontres environnementales auto-écoformatrices. Merci donc aux massifs et aux masses glacières rencontrées.

En plus, cette rencontre environnementale a été suivie le soir par une rencontre interpersonnelle longuement attendue avec Guy et Ingrid Le Boterf. Rencontre d'autant plus extraordinaire qu'elle n'avait pas été planifiée comme telle. Elle s'inscrit à l'intersection de deux voyages complètement indépendants. Guy sort de 3 semaines de travail au Chili. Il a voulu les prolonger avec Ingrid par une exploration du sud de l'Amérique du Sud.

Michel et moi les connaissons déjà, mais pas Bernard ni Manu. Le repas du soir en commun a donc été très animé, entre autres et surtout, sur la façon de refaire le monde! Le titre du dernier livre de Guy, Construire les compétences individuelles et collectives et de celui de Michel L'entreprise du 3ème millénaire. Comment devenir transformatiologue donnent une idée de la teneur des débats. Pas seulement théoriques. La présence de Manu, 32 ans, notre initiateur patagonien, est un exemple très parlant de ces transformations en marche. C'était comme un autre lancement de ces deux livres, plus intime que celui de Montréal début septembre.

L'évocation des absents les plus proches les a rendus très présents. Entre autres, Françoise dont la santé retrouvée réjouit tout le monde. Yann et Ann Barbara, au mariage desquels étaient Guy, Ingrid et Vanessa, leur fille. Mon amitié avec elle date d'un rencontre inaugurale au Québec alors qu'elle avait 3 ans. Elle s'est nourrie ensuite d'une formation en commun à Tours sur l'accompagnement. Elle m'est donc aussi chère que ses parents. À quand la prochaine rencontre, Vanessa? Avec Guy et Ingrid, c'est peut-être dans une dizaine de jours à Ushuaïa.

Aussi, pour le moment, le vrai périple à vélo commence pour parcourir les 900km qui nous en séparent.

Peu de connexion internet en vue. Donc moins de bavardages comme celui-ci.

À bientôt quand même,

Gaston

Carte de la route 40 (Argentine)


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