lundi 30 novembre 2015

Du vent arrière au vent de travers



Puerto Natales à Punta Arenas
250 km de bonheurs et de vicissitudes


Dimanche. Vent arrière jusqu’à Morro Chico, du bonheur, la Chanchita peinait à nous suivre, surtout que Michel fonctionne au diesel et, une fois réchauffé, s’envolait dans les horizons infinis de la Patagonie.
Bernard le fin renard suivait avec son œil de lynx et sa trousse de réparation.
Gaston se traînait songeant à son autoformation.

Manu, notre initiateur, veillait au grain. Il a su se manifester chaque fois que les cyclosophes faiblissaient dans leur ardeur. Mais le record de distance a été battu. Deux interprétations s’opposent. Celle du GPS de Manu que nous tairons et la nôtre, qui est de 125 km avalés dans la journée, grâce à un vent arrière généreux.

Manu, grâce à son GPS, nous a fait rater le village objectif, Morro Chico, mais nous a fait découvrir Villa Tehuelche. Nous vous le recommandons en cas de déshydratation.


Lundi. Vent de travers.
Toutes les saisons en une heure. Soleil radieux, grêle, pluie, froid. Heureusement, il y a des Parada (mini abribus), à peu près tous les 50 km, où on a pu rentrer à trois pour se réchauffer. La pire situation était celle de la Chanchita, prise dans l’apocalypse, rafales de pluie, vent grêle sous un nuage noir. Du coup, Manu est arrivé rapido pour se réfugier auprès du réconfort moral des trois cyclosophes à l’école patagonicienne.

Sandwichs devenus rituels au jambon-fromage, thé pour les plus distingués et nescafé pour les autres.
Repédalage ultime par vent et rafales. Grâce à la démographie locale, il y a peu de véhicules, qui, de plus, sont très courtois, faisant le grand écart et nous saluant à l’occasion, et ce, même des gendarmes chiliens.

Manu arrive au bon endroit. Il s’agit d’une réserve faunique patagonique. Bref, deux pumas, 3 alpagas, une douzaine de moutons pelés néozélandais, 3 vaches et quelques chevaux et un chilien très sympathique qui nous offre le café.

Sur cette routa del fin del mundo où le vent a même un monument, nous découvrons sur notre gauche le détroit de Magellan avant d’arriver à Punta Arenas.

Surprise : ville de 130 000 habitants, une reproduction probable d’une caravelle, la recherche d’infos pour le bac que nous prendrons demain pour arriver enfin à la Tierra del Fuego, et la jouissance d’un bon repas accompagné d’un Cabernet-Sauvignon Santa Digna, chilien.

PS: La lecture de vos commentaires nous fait du bien! Continuez à nous écrire!

samedi 28 novembre 2015

Puerto Natales (Chili)


Après avoir été recueillis par la Chanchita sur la Ruta 40, épuisés par le vent et les cailloux, on a passé la nuit de vendredi à samedi à 2 km de la frontière chilienne sur le terrain d’une hacienda très animée par une ronde de 4x4 autour de corrals de moutons.

On a assisté hier soir avec un gaucho à cheval au spectacle du rassemblement d’un troupeau de moutons. Trois chiens sont spectaculairement efficaces et démontrent une exceptionnelle compétence collective (cf Le Boterf).

Ce matin, l’haciendero, en 4x4, vient nous informer que c’est la tonte annuelle : 30 000 moutons à tondre en 1 mois. Il nous invite à visiter l’opération en cours. Impressionnant rassemblement des moutons, bien fournis d’une laine patagonienne. Chacun a une couleur qui indique son âge. En avant, 8 tondeurs tondent en 2 ou 3 minutes autant de moutons. Après, ceux-ci se retrouvent tout ébahis d’être tout nus. Leur laine est recueillie et pressée en ballots de 250 kg.

Après la tonte, le passage des douanes. Grande surprise, on retrouve Ingrid et Guy qui retournent en Patagonie plus tôt que prévu. Re-embrassades. Interdiction de rentrer verdure et fruits. Aussi, repas improvisé pour les consommer. La veille, Manu nous avez déjà préparé la plus grosse pizza végétarienne rencontrée en route.

À 15h00, les formalités sont terminées et vent aidant... pas du tout, on se propulse en Chanchita vers Puerto Natales, 50 km plus au sud.

Journée de repos, donc, pour les cyclistes, malgré une tentative de Gaston de les mettre en selle. Le vent n’était pas assez de travers au goût de Michel et Bernard.

Fin d’après-midi autour d’une bonne Indian Pale Ale, dans un camp de base pour le parc national Torres del Paine, le plus beau, paraît-il, d’Amérique du Sud. Faute de temps, ce sera pour le prochain voyage. Dans ce camp de base est affiché le nom d’une révolution nouvelle, celle du sac à dos : Magyc! Elle se pratique déjà !


Au programme, mise en route matinale, en selle, vers Punta Arenas demain.

vendredi 27 novembre 2015

La frontière


D’un point de la RUTA 40 à la frontière chilienne.

Vent debout, vent de dos et chemins de pierres. Départ de rêve avec soleil, vent dans le dos et route asphaltée jusqu’à sa transformation en une piste de pierres et de terre.

Nous avons fait 20 kilomètres sur l’asphalte et 30 jusqu’à l’arrêt de midi. Nous mangeons au bord du rio Pelque où  se trouve un poste de garde. Le policier y vit seul depuis 2011. Il est tout heureux de nous voir. Gaston et Michel font leur lessive de façon très écologique à la recommandation de Manu.

Nous reprenons la route en pensant que les 40 prochains kilomètres devraient s’enfiler aussi facilement que les premiers. Prudemment, Bernard dit à Manu de ne partir qu’après 16h00 pour faire la voiture balai au besoin. Bernard avait bien anticipé, car la grêle patagonique est subitement arrivée avec un vent dans le nez et des cailloux au sol de plus en plus gros.

Au bout de deux heures, nous n’avions fait que 15 kilomètres. Heureusement, la Chanchita surgit et la valeureuse équipe s’engouffre dedans avec délice.  Manu nous conduit à la frontière chilienne sans aucune protestation. Comme on ne peut passer ni légumes ni fruits, on a eu le droit à un repas pantagruélique. La fin du jour se termine par une séance de prise de photos d’un merveilleux soleil couchant.

jeudi 26 novembre 2015

El Cerrito



El Calafate sur la RUTA 40, à 20 kilomètres de El Cerrito (ndlr : c’est tellement « au milieu de nulle part » qu’on ne l’a pas trouvé sur la carte ce El Cerrito-là!)

Enfin le vrai départ à vélo à 11h30 à El Calafate. Les vents étaient favorables et le soleil aussi, si bien qu’après deux heures de route, Gaston est torse nu comme les premiers Patagoniens sur la mythique RUTA 40.

Dans cet environnement désertique, nous faisons 40 kilomètres, sans arrêt, pour casser la croûte au bord du premier rio rencontré avec un peu de verdure, soit le Rio Bote. Par la suite, la Patagonie commence à nous révéler d’autres facettes d’elle-même : ses reliefs tourmentés de vallées et de plateaux nous offrant une montée assez épuisante de 8 kilomètres, son climat extrêmement changeant, ses vents de face et ses alternances de soleil et de pluie. Ainsi, comme le dit le dicton, « nous vivons les quatre saisons dans la même journée ».


On décide de passer la « nuit au milieu de nulle part » ce qui nous permet d’allumer un feu pour notre premier assado (ndlr : grillade sur feu de bois avec les meilleures viandes au monde !) accompagné de poivrons rouges contenant des œufs cuits à l’intérieur. Un plat typiquement argentin. Une bouteille de Malbec rescapée d’une chute nous permet de saluer cette fin de première journée.

Grandes rencontres


Le glacier Perito Moreno


Bonjour,

J’aurais aimé dire bonsoir, mais impossible hier soir. 

Mercredi 25, à El Calafate, grandes rencontres environnementale et interpersonnelle.

Après l'impressionnant massif montagneux d'El Chalten, on ne pensait pas pouvoir rencontrer de sitôt de tels paysages. C'était sans compter le glacier Perito Moreno, dans le parc national du même nom à 70km d'El Calafate.

Environnement naturel tout aussi impressionnant, mais, cette fois, par une masse immense de glace descendant par plusieurs coulées de sommets enneigés dans un des plus grands lacs d'Argentine, justement nommé le lac d'Argentine. Des blocs plus ou moins gros du glacier se détachent de temps en temps et tombent dans l'eau libre à l'improviste avec un grondement sourd. Tout le monde guette ces mouvements qui animent ces formes glacées, espérant les détecter à l’avance pour mieux les voir et si possible filmer ou saisir en photos cette finale grandiose.



Donc, rencontre environnementale exceptionnelle où cohabitent événement et éternité, ou, du moins, très longues durées, renvoyant aux mystères de l’ère glaciaire. L'assistance oscille entre attitude silencieuse et méditative, plus ou moins sidérée; et fébrilité médiatique pour s'approprier un peu d'immortalité en se faisant prendre en photo sur un tel fond.

Bien sûr, nous n'y avons pas échappé et avons fait les deux. Même si, au début, au moins pour moi, une obscure crainte d'appropriation intempestive et profanatoire flottait, comme à Auschwitz.

Comment ne pas réduire à une simple distraction touristique récréative cette rencontre d'une création environnementale à l'œuvre, par l'interaction transformatrice de ces forces énergétiques élémentaires? Comment vivre à la hauteur de cette dynamique créative, de ce « ça crée » ?

C'est alors que me sont remontés quelques vers d'un poème sur les 4 éléments, intitulé Je t'offrirai la terre. L'auteur, Pierre Dumilan, est peu connu. Je l'ai découvert en Mayenne chez un de mes vieux amis, rural, amoureux de la nature, Alfred Petron. Depuis, il m'accompagne presque constamment. Il a resurgi ici, comme à la Lagune de la Zeta (ndlr : au-dessus d’Esquel) illuminée par le soleil levant au réveil de notre première nuit dans la Chanchita samedi dernier. Voici quelques vers les plus proches de ces rencontres :

Je t'offrirai la terre, comme ca, follement
Sans raison apparente, tout simplement pour toi,
......
Je t'offrirai l'eau d'où l'on tire la vie
....
Je t'offrirai la neige, tant mon amour est grand.

Accepter ces offres pour en vivre, les cueillir et les accueillir, n'est pas évident. Ça ne va pas de soi. Ce n'est pas automatique. Ni fait une fois pour toutes. C'est un long apprentissage de vie, offrant de temps en temps des lieux qui peuvent devenir de hauts lieux de création de soi, de prise de sens, de mise en forme. C'est l'objectif de ce voyage de s'initier à ces rencontres environnementales auto-écoformatrices. Merci donc aux massifs et aux masses glacières rencontrées.

En plus, cette rencontre environnementale a été suivie le soir par une rencontre interpersonnelle longuement attendue avec Guy et Ingrid Le Boterf. Rencontre d'autant plus extraordinaire qu'elle n'avait pas été planifiée comme telle. Elle s'inscrit à l'intersection de deux voyages complètement indépendants. Guy sort de 3 semaines de travail au Chili. Il a voulu les prolonger avec Ingrid par une exploration du sud de l'Amérique du Sud.

Michel et moi les connaissons déjà, mais pas Bernard ni Manu. Le repas du soir en commun a donc été très animé, entre autres et surtout, sur la façon de refaire le monde! Le titre du dernier livre de Guy, Construire les compétences individuelles et collectives et de celui de Michel L'entreprise du 3ème millénaire. Comment devenir transformatiologue donnent une idée de la teneur des débats. Pas seulement théoriques. La présence de Manu, 32 ans, notre initiateur patagonien, est un exemple très parlant de ces transformations en marche. C'était comme un autre lancement de ces deux livres, plus intime que celui de Montréal début septembre.

L'évocation des absents les plus proches les a rendus très présents. Entre autres, Françoise dont la santé retrouvée réjouit tout le monde. Yann et Ann Barbara, au mariage desquels étaient Guy, Ingrid et Vanessa, leur fille. Mon amitié avec elle date d'un rencontre inaugurale au Québec alors qu'elle avait 3 ans. Elle s'est nourrie ensuite d'une formation en commun à Tours sur l'accompagnement. Elle m'est donc aussi chère que ses parents. À quand la prochaine rencontre, Vanessa? Avec Guy et Ingrid, c'est peut-être dans une dizaine de jours à Ushuaïa.

Aussi, pour le moment, le vrai périple à vélo commence pour parcourir les 900km qui nous en séparent.

Peu de connexion internet en vue. Donc moins de bavardages comme celui-ci.

À bientôt quand même,

Gaston

Carte de la route 40 (Argentine)


mercredi 25 novembre 2015

Enfin une connexion internet!


Chère Françoise,

Enfin une connexion internet! Bravo à toi et Yann pour votre couverture médiatique. Elle nous apprend des choses. Voici quelques infos supplémentaires.

Dimanche Perito Moreno - El Chaltén.
Étape grandiose, mais source de plus d'imprévus en raison de 500 km quasi-désertiques avec plus de 100 km de piste. Dépannage d’une autre voiture avec un pneu crevé; bris d'un tuyau d'arrivée d'eau sous le camion; panne d'essence évitée de justesse à quelques km d'El Chaltén grâce à l'ingéniosité de Manu.

Manu est un jeune adulte de 32 ans vraiment génial. Passionné de montagne, depuis ses 24 ans, il a d'abord alterné entre les Andes et les Laurentides pour pouvoir skier toute l'année. Puis il est tombé en amour avec San Carlos de Bariloché, où il a aménagé un vieux bus scolaire des années 60 en mobil-home pour véhiculer des amateurs de montagne. Merci à Gilles et Nicole Croyère de m'avoir fait connaître sa mère à Tours. Et merci à Agnès d'avoir donné au monde un tel fils.

El Chaltén s'est donc découvert progressivement à nous au cours d'une approche de plus de 100 km, avec ses pics de plus de 3000 m pointant vers un ciel illuminé du soleil couchant. Spectacle cosmique presque irréel. Nous avons eu beaucoup de chances, parce que El Chaltén, rebaptisée Fitz Roy, veut dire la montagne qui fume, car elle est souvent entourée de nuages.

Lundi
Pendant que Manu refait le plein, on s'initie aux vrais vélos  pour aller au Lago Desierto à 40 km. Heureusement ce sont des VTT, car c'est une piste caillouteuse à souhait avec le vent face à nous. On arrête prudemment après 20 km d'initiation très instructive.

Mardi El Chaltén - El Calafete.
Seconde initiation aux vélos, mais cette fois avec vent arrière et sur route goudronnée avec trois condors pour saluer notre départ. Du bonheur. On ne peut plus arrêter Bernard. Et Michel risque de s'envoler en ouvrant ses bras vers le ciel selon un geste cosmique qu'il est en train de nous apprendre. Malgré tout, aussi par prudence, après 40 km on arrête pour monter avec Manu qui nous rejoint. Le vrai départ de vélo se fera jeudi, après le rendez-vous historique avec Guy et Ingrid Le Boterf à l'hôtel Blanca Patagonia.


Le reste suivra en fonction des connexions internet très rares en Patagonie.

lundi 23 novembre 2015

El Chaltén




Relation de Françoise:

Ils sont arrivés hier soir à El ChalténLes connections internet sont très mauvaises.

Le village (900 habitants) est niché au confluent des rios Fitz Roy et las Vueltas. Site majestueux. Point de départ de randonnées. Le Fitz Roy est aussi nommé Cerro Chalten (crête bleue) par le peuple Tehuelche.

Les gens de ma génération se souviennent des récits épiques de la première ascension du Fitz Roy (3405m) en 1952 par les alpinistes Lionel Terray et Guido Magnone. 

Comme nos hommes doivent retrouver des amis à El Calafate (à 220 km au sud) mercredi 25, il se peut, si le temps - très variable à cet endroit - le permet qu’ils en profitent pour une randonnée en montagne. En vélo ?

vendredi 20 novembre 2015

Esquel


Relation de Françoise:

Ce vendredi 20 novembre, ils ont commencé par prendre prendre possession de leurs vélos à Bariloche. Ou bien ils nous font marcher avec ces vélos d’enfants ou bien ils ont pris des vélos pliants. Renseignement pris, ils s’amusaient comme des gamins !

Cela semble être une halte en chemin. En tout cas, je suis ravie de les voir enfin tous les trois.
Après avoir essayé leurs vélos et les avoir installés sur le camion, ils ont pris la fameuse route 40, de Bariloche à Esquel (350 km au sud) où ils sont arrivés ce vendredi soir. Cette route traverse l’Argentine du nord au sud. C’est la plus longue du pays. Elle est parallèle à la Cordillère des Andes et relie les parcs nationaux. Ils ont admiré la splendeur printanière des pics enneigés. On comprend pourquoi cette route a quelque chose de mythique. C’est un symbole, un emblème de l’Argentine. Elle date de 1935 et le parcours actuel de 2004 est asphalté à 48%.

À Esquel (33000 habitants), comme à Bariloche, il y a des magasins de location d’équipement de sport. On fait surtout du ski à Esquel (station de La Hoya à 13 km).

Quand l'oeil voit loin
L'esprit se détend.
Il se déprend de l'ego
Et se tend vers le cosmos.
Gaston, Bernard, Michel et Manu, le guide patagonique.

Ce nom signifie « épine » dans une langue amérindienne locale. En effet, la pampa sèche alentour favorise la croissance d'arbustes épineux. C’est un lieu de passage entre les deux versants des Andes. La ville a fêté son bicentenaire en 2011. Elle est donc plus ancienne que Bariloche, fondée en 1902.
Une voie ferrée très étroite (75 cm ) La Trochita, fait la renommée d’Esquel, vestige d’une ligne allant vers le sud. La petite locomotive à vapeur et ses voitures ne circulent que sur 20 km.

Ce soir à Esquel Bernard, Michel et Gaston inaugurent les lits pliants de la Chanchita. On espère qu’il dormiront bien, car une longue étape les attend demain. Elle pourrait ressembler à celle d’aujourd’hui, entre pics enneigés et plateaux désertiques. Les agglomérations sont rares.


jeudi 19 novembre 2015

Premiers pas dans les Andes


Relation de Françoise:

Bariloche (altitude, 900m. Population, 100 000 habitants) a été fondée sur la rive sud du lac Nahuel Huapi, un grand lac à trois branches qui naissent à l’ouest dans les Andes. De l’autre côté des cimes, c’est le Chili et sa région des lacs. À l’est, la grande plaine s'incline vers l’Atlantique. On dirait un peu une Suisse alémanique, au milieu de nulle part, entre hautes montagnes (mais pas plus de 3554m) et steppes. Buenos Aires est à 1650km au nord-est et El Calafate à 1425km au sud.

Sur la photo d’hier (ci-contre), on voit la fameuse Chanchita, décorée de quatre silhouettes masculines dont trois têtes blanches. Vous avez deviné, de gauche à droite : Michel, Bernard, Manu et Gaston, qui doit avoir un peu froid dans son costume tropical. C’est le printemps, il neige un peu et Gaston était bien content, après la photo, d’enfiler ses vêtements chauds, si encombrants dans la moiteur équatoriale.

À l’horizon, on aperçoit les contreforts des Andes du sud et au premier plan : une route dans la pampa. Histoire de se plonger dans le contexte, Manu les a emmenés dormir à 1000m, dans une magnifique maison, non loin de la sienne, d'où ils voient le Cerro Catedral (2 405m) dont les pics évoquent des flèches. Ils sont proches de l'un des plus anciens et plus étendus domaine skiable d’Amérique du Sud. Cependant l’heure n’est pas au ski, mais au vélo. Hier, mercredi, ils ont vu un premier marchand de cycles et en visiteront un autre aujourd’hui.

Avant de partir, chacun de nos trois hommes avait fait sa recherche. Je connais mieux celle de Gaston qui a - entre autres - demandé conseil à Dorothée (une amie montréalaise de nos enfants) qui a fait en vélo le parcours qu’ils prévoient dans le cadre d’une « petite » randonnée de presque deux ans qui l’a conduite de l’Alaska à la Terre de Feu (18 690km). Ce qu’elle dit de sa route argentino-chilienne vaut le détour.

Il se pourrait qu’une amie de Manu les accompagne. C’est Camilla, une infirmière chilienne.

Ils sont encore cette nuit dans une maison. Les vélos sont choisis. Il reste à y monter des garde-boues. Manu a installé des porte-vélos sur la Chanchita.

Ils ont visité l'intéressant Musée de la Patagonie et la bibliothèque de Bariloche. Ils prendront la route demain après-midi. 





mercredi 18 novembre 2015

Bariloche




Ils sont arrivés!

La photo est floue, mais c'est la seule...

La Boca


Relation de Françoise:

Mardi soir, Bernard, Gaston et Michel sont allés à La Boca. C’est juste au sud de San Telmo et encore plus pittoresque.

On ne se risque pas la nuit dans ce quartier des premiers arrivants, sorte de Pigalle où se mêlent touristes, artistes, artisans, danseurs de tango, au milieu de maisons très colorées. Papa Francisco est célébré par une statue bon enfant et pas du tout protocolaire. 

Ce mercredi matin, Gaston quitte en taxi le petit hôtel de San Telmo pour rejoindre Bernard et Michel à leur hôtel et partir à l’aéroport en direction de Bariloche. J’attends la nouvelle de leur arrivée.

mardi 17 novembre 2015

San Telmo


Relation de Françoise:

Ce matin, Gaston s’est réveillé dans son petit hôtel du quartier le plus ancien de Buenos Aires : San Telmo, patron des pêcheurs et des navigateurs. Proche du Rio de la Plata et d’une petite rivière affluente, ce coin très fréquenté est super folklorique. On lui avait conseillé de ne pas s’y promener seul la nuit. Il a donc essayé d’aller explorer au lever du soleil, mais la pluie - de grosses averses que j’entendais au téléphone - l’a obligé à rester à l’hôtel. Non sans avoir vu le Monumento a don Pedro de Mendoza, fondateur de Buenos Aires en 1536. La visite de ce quartier vaut le détour :

San Telmo est un des quartiers les plus anciens de Buenos Aires. C’est une des zones les mieux conservées de cette ville qui est en changement constant. On y trouve d’anciennes maisons coloniales, des rues pittoresques et pavées. C’est un lieu où l’on retrouve toute l’histoire et la poésie d’un passé prospère et complexe. Considéré encore aujourd’hui comme le berceau du tango argentin, le quartier a été la source d’inspiration pour beaucoup d’artistes. Des nos jours du fait de ses restaurants, de ses places et ses boutiques d’antiquaires, San Telmo représente un des lieux les plus fréquentés de la ville.

N’oublions pas les choses sérieuses. Hier, lundi 16, la rencontre avec les professeurs a eu lieu. L’Université de Buenos Aires est dispersée en plusieurs lieux. Le service « Extension » est à l’autre bout de la ville. Heureusement, des collègues sont venus chercher Gaston. Il a rassemblé ses connaissances en espagnol - qui ne sont pas nulles - pour une vingtaine de profs en sciences de l’éducation, dont un Claudio (prononcé cla-o-dio) Pineau. Ils sont spécialisés dans le « développement de l’expression narrative des expériences d’enseignants » Si j’ai bien compris, ces universitaires travaillent avec des enseignants dans des collèges qui eux-mêmes forment des enseignants pour les écoles. Le livre de José Monteagudo a été très utile.

Après l’université, la récréation. Michel et Gaston se sont retrouvés à San Telmo pour souper dans un petit restaurant, et profiter d’un spectacle de tango. Ils sont bien en Argentine !

Le troisième homme, Bernard, les rejoint ce mardi 17. Demain, mercredi 18, ce sera le départ vers l’aventure, la découverte de Bariloche, Manu et sa Chanchita.

lundi 16 novembre 2015

Un dimanche à Buenos Aires


Relation de Françoise:

Hier dimanche, Gaston est allé voir Michel, bien arrivé à Buenos Aires dans un très bel hôtel. Les deux hommes se sont promenés à pied dans les rues calmes du week-end et sont tombés, par hasard, sur une plaque commémorant l’assassinat de deux religieuses pendant la dictature.

Ce matin, la bienheureuse trêve de fin de semaine est terminée et l’activité gronde dans les rues du Paris de l’Amérique du Sud. Il ne ferait pas bon s’y promener en vélo.

Gaston prépare son transfert à l’hôtel (ce n’est pas celui de Michel) et sa visite à l’Université où il doit dialoguer avec des professeurs-chercheurs en Sciences de l'Éducation.

Un livre les inspire : les Histoires de vie en Amérique latine hispanophone, entre formation, mémoire historique et témoignages, par José Monteagudo (Paris, l’Harmattan). Trois Argentins y ont écrit trois intéressants articles. Son hôte est le professeur Daniel Suarez.


dimanche 15 novembre 2015

Premiers jours en Amérique du Sud


Françoise relate les premiers jours de Gaston en Amérique du Sud:

Tout a commencé samedi dernier, le 7 novembre, par un voyage de 30 heures en 8 vols de Montréal à Boa Vista, capitale de l’état brésilien du Roraima, complètement au nord du Brésil, entre Guyane britannique, Vénézuela, non loin de la Colombie.



C’est un lieu d’immigration, très chaud, juste au nord de l’équateur. Il faisait 40°C que notre homme semble avoir très bien supportés. En lavant son unique chemise d’été tous les soirs. Il voyage léger avec seulement un sac et une petite valise de cabine. Le tout bourré de vêtements de vélo chauds pour la Patagonie.

Gaston au milieu de quelques participantes
et participants du colloque, le 11novembre 2015
- Photo Gilvete de Lima Gabriel
Après avoir assisté au deuxième Colloque international d’(auto)biographie narrative de l'Universidade Federal de Roraima, il y a prononcé l'allocution de clôture sur Formation des enseignants face à la politique mondiale (Ce n’est pas lui qui a choisi le sujet). En fait, il a été très inspiré par le nom de l’amphithéâtre où avait lieu l’événement Centre amazonien de la frontière et a aussi improvisé sur le thème de ce qui se passe aux frontières et qui est relié au centre. La preuve à Paris.

Il est arrivé à Buenos Aires vendredi 13 novembre ( 2 heures de décalage horaire avec le Québec) invité par des collègues argentins. Accueilli par le père, médecin, d’une collègue, il a commencé par chercher, et trouver, une carte, un vélo, les journaux et internet. Il remercie tous les amis qui lui ont envoyé un témoignage de sympathie à l’occasion des tristes événements de Paris.

Il retient de la lecture des journaux argentins la déclaration de Barack Obama sur les attentats de Paris qui « ne sont pas seulement une attaque contre Paris », mais « une attaque contre toute l’humanité et nos valeurs universelles ».

Samedi 14, il a visité Buenos Aires en vélo. Prudemment, il a suivi les pistes cyclables, côté hippodrome, parcs et jardins, muni de pneus bien gonflés dans une station-service et d’un plan des « cyclo via ». Il a trouvé une rua San Martin de Tours avec un collège du même nom qui veut donner aux enfants des valeurs de partage. En attendant, ce qu’il a partagé, c’est la chiente d’un pigeon venu décorer son ventre, alors qu’il se reposait allongé sous un arbre dans un parc. Il a donc acheté de belles (et chères) lunettes de soleil. Le temps est beau et agréable (25°/30°). Il lui manque une casquette !

Dimanche 15, il va parcourir la « Papa Via » c’est-à-dire le circuit des lieux de Jorge Mario Bergoglio.

Lundi 16, il intervient à la faculté de philosophie, avant de retrouver Michel et Bernard pour prendre avec eux, mercredi 18, un vol vers Bariloche et la grande aventure cycliste vers la Terre de Feu, avec le secours de Manu et sa Chanchita.